Lagerfeld, YSL
Je viens de terminer Beautiful People : Saint Laurent, Lagerfeld : splendeurs et misères de la mode, le bouquin qu'Alicia Drake (The Beautiful Fall en anglais), a, ô surprise, consacré aux destins parallèles de Yves Saint Laurent et Karl Lagerfeld. Outre son côté modasse - pour reprendre le terme que mon compatriote Sébastien Ministru utilise pour ses chroniques sur Pure FM - très instructif, l'aspect le plus intéressant du bouquin réside à mon avis dans sa description des années 70 à Paris, les fêtes, les excès, les personnalités de cette époque décadente pré-sida, où l'ambiance fin de siècle (le XIXème) était idolâtrée, et d'ailleurs incarnée par une sorte de dandy ultime et proustien, Jacques de Bascher.
Tous ces gens devaient être parfaitement insupportables et invivables (surtout Saint Laurent, d'ailleurs), mais lire la description de leur vie reste fascinant, d'autant qu'Alicia Drake n'adopte jamais un point de vue people qui aurait déservi le livre. Son ton est celui d'une journaliste qui enquête et raconte, pas celui d'une langue de vipère.
Lagerfeld a voulu interdire sa parution en France, a rebaptisé l'auteur Drakula, mais au final, c'est lui, Karl Lagerfeld, qui ressort comme la personne la plus remarquable, (presque) sympathique, et surtout, touchante du livre. Et il semblerait bien que ce soit ce dernier point qui lui pose problème : Lagerfeld ne veut surtout inspirer ni empathie, ni tendresse. Ce qui le rend, évidemment, d'autant plus touchant.